Le Festival international du court métrage, l'un des événements majeurs dédiés au 7ème art qui se déroule chaque année à Clermont-Ferrand, a dédié une grande partie de sa programmation au Liban, en nous proposant un focus sur le cinéma libanais grâce à la mise en lumière et projections d'oeuvres et des rencontres organisées avec celles et ceux qui les réalisent et les font vivre.
Dans un pays en proie à des crises économiques et politiques successives, le cinéma devient un acte de résistance et de mémoire. Comment le cinéma libanais, à travers les décennies, a-t-il contribué à la construction et à la préservation d'une mémoire collective souvent menacée par l'oubli et la censure ?
Le cinéma libanais face à la guerre civile : mémoire et résilience
La guerre civile libanaise (1975-1990) est une blessure profonde dans la société, un traumatisme dont les cicatrices sont encore visibles aujourd’hui. Pourtant, si elle a laissé des traces indélébiles dans la mémoire collective, elle a longtemps été un sujet tabou, évité dans les discours publics et les manuels d’histoire. Le cinéma, en tant qu’outil de mémoire, a été capital dans la reconstitution de cette période complexe, en offrant un espace d’expression là où le silence officiel dominait.
Durant la guerre civile, le cinéma libanais était quasiment inexistant. Peu de films ont été tournés en raison du chaos ambiant, du manque de moyens et de l’absence d’une infrastructure cinématographique solide. Contrairement à d’autres pays ayant connu des conflits internes, comme la Yougoslavie ou l’Algérie, le Liban ne disposait pas d’un véritable cinéma de guerre qui aurait permis de documenter les événements en temps réel.
Les rares images qui existent de cette période proviennent essentiellement de reportages télévisés ou de films "orientalisants" réalisés par des étrangers. Les cinéastes libanais, quant à eux, étaient en exil ou incapables de produire des films dans un pays fragmenté par des milices rivales et des bombardements incessants. Il faudra attendre la fin du conflit pour voir émerger des œuvres qui cherchent à retracer cette période sombre de l’histoire libanaise.
À la fin de la guerre en 1990, le Liban a adopté une politique de l’oubli : aucune commission de vérité et réconciliation n’a été mise en place, et les responsables du conflit ont été intégrés dans la vie politique du pays. Le traumatisme collectif a été enfoui sous un consensus tacite : ne pas remuer le passé pour éviter de réveiller les tensions.
Comme le souligne Waël Nordin, cinéaste libanais :
« C’est le rôle du cinéaste de ramener des images, car personne ne veut filmer les cadavres, alors que cela montre l’atrocité et la cruauté de l’ennemi.»
Cette volonté d’effacer le passé s’est également traduite par une absence d’images et de récits sur la guerre. Peu de films ont été réalisés dans les années qui ont suivi, et lorsqu’ils l’étaient, ils restaient souvent marginaux ou censurés. Contrairement à la télévision, qui bénéficie d’une plus grande liberté éditoriale, le cinéma au Liban est soumis à une réglementation stricte. Ces restrictions compliquent la tâche des cinéastes qui souhaitent documenter l’histoire du pays de manière honnête et critique. Pour contourner ces interdits, certains réalisateurs adoptent des approches symboliques ou métaphoriques, privilégiant la subjectivité et la mémoire individuelle plutôt qu’une reconstitution historique frontale.
Aujourd’hui, la jeune génération de cinéastes libanais continue d’explorer cette mémoire collective tout en s’affranchissant progressivement de l’omniprésence de la guerre dans leurs récits. Si le conflit reste une toile de fond, il n’est plus nécessairement le sujet central des films récents. On observe une volonté d’élargir les thématiques et de proposer un regard nouveau sur l’identité libanaise. La révolution de 2019 a joué un rôle important en libérant la parole des jeunes cinéastes, qui abordent désormais des sujets tabous avec plus d’audace, malgré la censure toujours en place.
Le cinéma libanais, par sa diversité et son engagement, continue ainsi d’être un outil fondamental pour interroger le passé et construire une mémoire collective qui ne se limite pas aux récits officiels. Dans un pays où l’histoire reste fragmentée et contestée, l’image cinématographique devient un espace où la parole peut enfin être libérée, où le passé peut être confronté, et où la mémoire peut être préservée pour les générations futures.
Le cinéma libanais aujourd'hui : entre renaissance et difficultés
Le cinéma libanais est à la croisée des chemins. Malgré une reconnaissance internationale croissante, il demeure un secteur fragile, confronté à de multiples difficultés structurelles, économiques et politiques. Face à l'absence d'une véritable industrie, les cinéastes libanais continuent de faire preuve d’une résilience remarquable, trouvant des moyens alternatifs pour produire et diffuser leurs films.
Le Liban traverse une des pires crises économiques et politiques de son histoire récente. L’effondrement du système bancaire, la dévaluation de la livre libanaise, l’explosion du port de Beyrouth en 2020 et l'instabilité gouvernementale ont profondément impacté tous les secteurs du pays, y compris le cinéma. Dans ce contexte, produire un film relève d’un véritable exploit. Les infrastructures culturelles sont quasiment inexistantes, les financements locaux sont dérisoires, et le soutien de l’État est quasi nul. Pourtant, paradoxalement, plus la situation se détériore, plus la création cinématographique foisonne.
Cette effervescence s’explique en partie par la nécessité, pour de nombreux artistes et réalisateurs, d’exprimer leur colère, leur frustration et leur espoir à travers le cinéma. Dans un pays où les médias traditionnels sont souvent contrôlés par des groupes politiques et religieux, le cinéma devient un espace de liberté et d’expression.
Comme évoqué précédemment, si le cinéma libanais a longtemps été dominé par les récits sur la guerre civile et ses conséquences, les thématiques se diversifient aujourd’hui. Les jeunes réalisateurs explorent des genres variés, allant du thriller politique (The Insult de Ziad Doueiri) à la science-fiction (The Lebanese Rocket Society de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige), en passant par le drame social (Capharnaüm de Nadine Labaki, 1982 de Oualid Mouaness).
On assiste également à une explosion des formats : courts-métrages, documentaires, films expérimentaux, œuvres hybrides mêlant fiction et réalité. Cette liberté formelle permet aux cinéastes d’explorer de nouvelles façons de raconter l’histoire du Liban, sans être enfermés dans des codes narratifs rigides.
Un autre phénomène marquant est la montée en puissance des récits féminins. Pendant longtemps, le cinéma libanais a été dominé par des réalisateurs masculins, mais des réalisatrices comme Nadine Labaki (Caramel, Capharnaüm), Mounia Akl (Costa Brava, Lebanon), ou encore Myriam El Hajj (Ailleurs, Partout) ont réussi à imposer leur voix, abordant des sujets tels que la place des femmes dans la société, les tabous sociaux et l’environnement.
L’une des principales difficultés du cinéma libanais est l’absence de financements locaux. Contrairement à des pays comme la France, qui disposent de structures de soutien au cinéma (CNC, fonds régionaux, etc.), le Liban n’a pas d’institutions capables d’aider financièrement les réalisateurs.
La plupart des films libanais sont donc produits grâce à des fonds internationaux, via des coproductions avec l’Europe ou d’autres pays arabes. Parmi les principaux soutiens financiers du cinéma libanais, on trouve :
Le Fonds arabe pour les arts et la culture (AFAC)
Le Doha Film Institute
L’Institut français et d’autres institutions européennes
Les plateformes de streaming et le crowdfunding, qui deviennent des alternatives intéressantes
Cette dépendance aux fonds étrangers pose un double problème. D’une part, elle contraint les réalisateurs à adapter leurs récits aux attentes de leurs financeurs, ce qui peut influencer la manière dont les histoires sont racontées. D’autre part, elle empêche la structuration d’une véritable industrie cinématographique nationale, qui pourrait fonctionner indépendamment des soutiens extérieurs.
Si le cinéma libanais est reconnu pour sa liberté d’expression, il reste soumis à une censure stricte. Contrairement à la télévision, qui bénéficie d’une plus grande liberté éditoriale, le cinéma est contrôlé par le Bureau de la censure du ministère de l’Intérieur, qui impose plusieurs restrictions :
Interdiction de critiquer certaines figures politiques et religieuses
Censure des contenus jugés "subversifs" ou susceptibles de raviver les tensions communautaires
Restrictions sur les thématiques LGBTQIA+
Interdiction de tout contenu perçu comme une promotion d’Israël
Ce cadre législatif rigide pousse de nombreux réalisateurs à s’auto-censurer ou à tourner leurs films à l’étranger pour éviter d’être bloqués par les autorités. Certains films sont interdits de diffusion au Liban, alors qu’ils sont projetés et primés dans des festivals internationaux.
En l’absence d’une industrie locale forte, les festivals internationaux ont donc une place centrale et inévitable dans la carrière des cinéastes libanais. Cannes, Venise, Berlin, Toronto et le Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand sont autant de plateformes qui permettent aux films libanais d’être vus, financés et reconnus à l’échelle mondiale.
Ces festivals permettent également aux réalisateurs de contourner la censure en exposant leurs œuvres à un public étranger avant d’essayer de les diffuser au Liban. De nombreux films censurés dans le pays bénéficient ainsi d’une seconde vie sur les plateformes de streaming ou via des projections clandestines.
L’un des problèmes majeurs du cinéma libanais est le manque de lieux de projection. La plupart des cinémas commerciaux privilégient les blockbusters américains et les productions égyptiennes, au détriment du cinéma indépendant local.
L’explosion du port de Beyrouth en 2020 a aggravé la situation en détruisant plusieurs infrastructures culturelles, notamment des salles de cinéma et des espaces de création. Aujourd’hui, de nombreuses initiatives tentent de pallier ce manque, avec des projections en plein air, des festivals locaux et des plateformes de diffusion en ligne.
Malgré ces nombreux obstacles, le cinéma libanais continue de se réinventer. La génération actuelle de réalisateurs fait preuve d’une incroyable détermination pour raconter les histoires du Liban d’aujourd’hui, en explorant de nouveaux formats et en cherchant des financements alternatifs.
Plusieurs tendances laissent entrevoir un avenir prometteur pour le cinéma libanais :
Une nouvelle génération de cinéastes engagés : de jeunes réalisateurs émergent avec des films audacieux qui abordent des questions contemporaines comme la corruption, la crise économique et l’exil.
Le développement du streaming et des plateformes numériques : des plateformes comme Netflix, Shahid et Mubi commencent à s’intéresser aux films libanais, offrant une nouvelle opportunité de diffusion.
Une diversification des genres et des récits : le cinéma libanais s’affranchit de son passé en explorant d’autres styles et en s’adressant à un public plus large.
Le podcast Maabar : un outil de mémoire pour donner la parole à celles et ceux que l'on n'a jamais entendus
Dans un pays où l’histoire officielle est lacunaire et souvent biaisée, le podcast Maabar s’impose comme un espace inédit de mémoire et de transmission. Créé par Anthony Tawil et Cédric Kayem, ce projet sonore ambitionne de redonner une voix aux anonymes de la guerre civile libanaise, à celles et ceux qui n’ont jamais eu l’opportunité de raconter leur histoire, ni même de la comprendre pleinement. En mettant en avant des récits intimes, Maabar brise le silence qui entoure encore aujourd’hui les années de guerre (1975-1990) et questionne la façon dont cette mémoire s’est construite – ou plutôt, a été étouffée.
Anthony Tawil et Cédric Kayem appartiennent à une génération de Libanais qui n’a pas vécu directement la guerre civile, mais qui en subit encore les conséquences. En grandissant, ils ont été confrontés à un étrange paradoxe : tout dans le pays portait les stigmates de la guerre (les bâtiments détruits, les divisions géographiques, la méfiance entre communautés), et pourtant, personne n’en parlait vraiment.
L’histoire de la guerre civile libanaise n’a jamais été enseignée dans les écoles. Les livres d’histoire s’arrêtent généralement à l’indépendance du Liban en 1946, et les récits varient en fonction de la confession, du quartier ou du milieu social. Ce vide mémoriel a nourri leur volonté d’aller interroger celles et ceux qui ont vécu la guerre de l’intérieur, pour tenter de comprendre non pas seulement ce qui s’est passé, mais pourquoi personne ne semble vouloir en parler.
Maabar (qui signifie "passage" en arabe) est construit autour de témoignages anonymes. Au total, 55 personnes ont été interrogées sur une période de deux ans. L’anonymat a été une condition essentielle du projet : en retirant l’identité, la confession et l’appartenance politique des témoins, Maabar cherche à aller au-delà des divisions communautaires pour révéler une mémoire collective partagée.
Ce choix est fondamental dans un pays où l’identité religieuse reste un marqueur social très fort. Les récits sur la guerre ont souvent été fragmentés par des récits officiels partisans, chacun racontant sa version du conflit en fonction de sa communauté. Maabar, au contraire, vise à réunir ces histoires disparates en une seule voix : celle du vécu humain, au-delà des appartenances.
Contrairement aux documentaires traditionnels qui cherchent à poser des faits historiques, Maabar adopte une approche plus intime et immersive. Chaque épisode est conçu comme une plongée dans les souvenirs des témoins, entrecoupée de silences, de sons d’archives, de bruits d’ambiance et d’une bande-son spécialement composée pour accompagner l’émotion du récit. Les témoignages oscillent entre les murmures de celles et ceux qui hésitent à se remémorer et les cris d’angoisse de celles et ceux qui n’ont jamais eu l’opportunité d’exprimer leur douleur. Il ne s’agit pas seulement de raconter des événements, mais de transmettre des sensations, des sentiments et des émotions longtemps enfouis.
Un témoin raconte par exemple comment il a dû franchir une ligne de démarcation sous les tirs de snipers alors qu’il n’était qu’un enfant. Un autre se souvient des abris souterrains où les familles passaient des nuits entières dans l’attente du prochain bombardement. Un autre encore évoque le moment où il a dû enterrer un proche sans même pouvoir pleurer, tant la mort était devenue une routine quotidienne.
Le podcast met ainsi en lumière une dimension importante du trauma collectif : la banalisation de la guerre. De nombreux Libanais ont fini par s’adapter à l’horreur, au point de ne plus se rendre compte de l’ampleur du choc psychologique qu’ils ont subi.
L’un des grands enjeux soulevés par Maabar est la transmission de la mémoire aux nouvelles générations. Au Liban, la guerre civile n’a jamais fait l’objet d’une véritable réconciliation nationale. Contrairement à l’Afrique du Sud, qui a mis en place une Commission Vérité et Réconciliation après l’apartheid, ou au Rwanda, qui a organisé des procès pour documenter le génocide, le Liban a choisi d’oublier.
Ce choix de l’amnésie collective a eu des conséquences profondes. Les jeunes générations ne comprennent pas pleinement les divisions persistantes dans leur pays. Les tensions communautaires n’ont jamais vraiment été apaisées, alimentant la méfiance et les rivalités politiques actuelles. Le pays continue de fonctionner selon une logique de partage confessionnel, hérité directement de la guerre civile.
Le podcast Maabar a également une portée thérapeutique, cathartique en offrant aux personnes qui témoignent un véritable espace pour se confier. Dans une société où l’apparence et la résilience sont souvent privilégiées au détriment de l’expression de la souffrance, ce projet permet aux survivants de mettre des mots sur leur douleur et de reconnaître enfin que ce qu’ils ont vécu était traumatisant.
L'art comme outil de mémoire : un rempart contre l'oubli
Dans un pays où l’histoire officielle est fragmentée, où la guerre civile n’a jamais été véritablement documentée et où les récits sont biaisés par des divisions communautaires, l’art a toute sa place. Il devient un outil de résistance face à l’oubli, un moyen de questionner le passé et d’explorer ce qui a été tu.
Le Liban est un pays de contrastes, où l’esthétique et la destruction coexistent, où l’envie de créer persiste malgré l’effondrement. Dans ce contexte, le cinéma, mais aussi la littérature, la musique, le théâtre et les arts visuels, ont toujours été des espaces où la mémoire collective pouvait s’exprimer librement.
Au Liban, il n’existe pas de récit historique unifié de la guerre civile. Chaque communauté, chaque famille, chaque quartier porte un récit différent, souvent influencé par des appartenances confessionnelles et politiques. L’histoire se transmet par bribes, dans les discussions familiales, à travers des souvenirs personnels, mais rarement sous une forme institutionnalisée.
C’est dans cette faille que l’art s’insère : en donnant une voix à celles et ceux qui n’ont jamais pu s’exprimer, en questionnant ce qui a été effacé ou censuré, en créant des espaces de dialogue là où il n’y en avait pas.
Le cinéma documente et réinterprète la mémoire collective, souvent à travers des récits intimes et subjectifs, comme le montrent des films tels que West Beirut (Ziad Doueiri), Memory Box (Joana Hadjithomas et Khalil Joreige) ou 1982 (Oualid Mouaness).
La littérature a également une place importante. Des écrivains comme Wajdi Mouawad (Incendies), Rawi Hage (De Niro’s Game) ou Charif Majdalani (Histoire de la Grande Maison) ont cherché à reconstruire un passé éclaté à travers leurs romans.
Le théâtre et la performance permettent d’explorer les traumatismes d’une manière plus viscérale. La dramaturge et metteuse en scène Chrystèle Khodr, par exemple, travaille sur des formes immersives qui mêlent témoignages et archives sonores pour interroger la mémoire de la guerre.
Les arts visuels (peinture, photographie, installations) capturent ce que les mots ne peuvent pas toujours exprimer. Des artistes comme Lamia Joreige et Akram Zaatari utilisent des images d’archives et des objets du quotidien pour interroger la relation entre l’histoire et la mémoire.
Malgré son rôle essentiel dans la transmission de la mémoire, l’art au Liban est encore confronté à des restrictions importantes, comme évoqué précédemment avec le cinéma.
Les artistes doivent donc ruser pour contourner ces interdits. Ils utilisent des métaphores, travaillent sur l’abstraction, ou choisissent des formats qui échappent au contrôle des autorités, comme les podcasts ou les performances éphémères.
Le podcast Maabar est un exemple parfait de cette approche : en recueillant des témoignages anonymes, il évite toute accusation directe et contourne les barrières de la censure. D’autres artistes adoptent des stratégies similaires :
Le collectif Haven for Artists utilise l’art comme un moyen d’aborder des sujets tabous (LGBTQ+, féminisme, politique) à travers des expositions et des performances clandestines.
Les films documentaires indépendants sont de plus en plus nombreux, proposant un regard critique sur la société libanaise, même s’ils sont rarement diffusés localement.
L’art devient ainsi une forme de résistance. Il permet de dire ce qui est interdit, de montrer ce que l’on veut cacher et de maintenir en vie une mémoire que certains voudraient effacer.
Si l’art permet d’interroger le passé, il est aussi tourné vers l’avenir. Les jeunes générations de cinéastes, écrivains, musiciens et plasticiens s’approprient ces récits pour les réinventer et les transmettre différemment.
Les initiatives éducatives se multiplient pour intégrer l’art comme un vecteur de mémoire :
Des ateliers de cinéma et d’écriture sont organisés pour encourager les jeunes à raconter leur propre histoire.
Des archives numériques se développent pour préserver les témoignages et les œuvres artistiques liées à la guerre civile.
Des festivals et résidences artistiques mettent en avant des créations engagées qui interrogent l’histoire du pays.
Dans un pays où l’histoire reste une question sensible, l’art est peut-être l’un des seuls moyens de transmettre une mémoire collective sans tomber dans les clivages politiques. Il permet d’aborder les traumatismes sans raviver les conflits, de questionner le passé sans imposer une vérité unique.
Comme le disait le réalisateur Ghassan Salhab :
« L’histoire officielle est écrite par les vainqueurs, mais l’art appartient à ceux qui posent des questions, à ceux qui doutent, à ceux qui refusent d’oublier. »
Comentarios